vendredi 1 juillet 2011

DSK : ouf ! la victime était une garce !

Enfin ! Enfin la faille dans la personnalité de la victime va rendre à DSK son honneur, sa maison, sa carrière politique … Vite, ne faut-il pas que Martine Aubry annonce qu’elle lui laisse la place ? …. Et pourquoi pas que Christine Lagarde lui rendre son poste ...

Bref, la victime est une garce et il est lavé, voire grandi. Il devient lui la victime.

Ce matin, aucune distance sur France Inter : Surtout n’allons pas trop vite mais va-t-il se présenter aux élections ? Sur la base de quoi : d’un article du Times paru dans la nuit que personne n’a vérifié. La présomption d’innocence pour elle ???? Pas un mot. Un complot contre elle – pas même envisagé.

Car seule l’image d’une victime parfaitement pure avait pu faire taire les idées de complot : black, réfugiée politique, pauvre, mère célibataire avec une fille qui travaille bien à l’école. Si maintenant, cette femme toujours pauvre, immigrée, mère célibataire se livre à du blanchiment d’argent.... Et si ses « protecteurs voyous » l’aident à faire du chantage, alors là, ça change tout.

Bien sûr, cela change les choses. Mais est-ce que cela donne le droit de l’avoir agressée ? Est-ce que cela exonère l’agresseur ? C’est bien notre problème sur les questions de violence sexuelles comme de violences conjugales. La victime qui n’est pas la pure oie blanche est invalidée. Vierge ou putain, on en est encore là en 2011 !!

Seule celle qui n’a jamais pêché aura droit, peut-être, à l'écoute et la bienveillance quand on l’a violée ... mais tout de même toujours au soupçon de l'avoir cherché. Etonnons-nous que les femmes ne portent pas plainte !

Martine COSTES PEPLINSKI – 1er juillet 2011

vendredi 10 juin 2011

Emprisonnée, un témoignage sur la prostitution

Témoignage
Auteure : Martine
Les Editions du PANTHEON

Emprisonnée est un témoignage
Ecrit à la main, mot à mot, ligne à ligne, jour après jour,
Un long plongeon dans un passé tourmenté.
Alors que toute sa vie s’est enroulée dans une infernale dans une fuite en avant
Il semble que là, Martine s’arrête. Enfin.
Elle se retourne comme pour voir sa propre vie.
Elle la raconte comme si elle regardait un film.
Et elle nous dit combien, petite fille, elle aimait son père et sa mère.
Comment elle rêvait l’avenir : prince charmant, beaux enfants, famille bonheur
Et comment - sans même qu’aujourd’hui elle le comprenne vraiment -
Comment sa vie est devenue douleur,
Douleur intense et permanente
Qui va s’installer et prendre toute la place.
Douleur dans les petits détails comme dans les grandes catastrophes.
Et des sourires ou des joies – trop vite balayées par de perpétuelles désillusions.
Mais comme Alice au Pays des Méchants – elle reste une délicieuse Alice.

Elle va vivre la prostitution presque sans savoir ce que c’est.

Tous « les indicateurs socio, psycho et économiques » sont là : une famille qui a du mal à vous nourrir et à vous protéger, un regard social malveillant, des effractions dans l’intimité sexuelle à peine conscientisés – car une enfant ne peu pas savoir de quoi il s’agit - et les rêves du Prince Charmant qui amènera amour et félicité.

Elle va donc vivre une prostitution traditionnelle, à la papa :
un mari qui vous jette, un proxo qui vous cogne et un autre qui vous sauve ...
pour mieux vous prostituer encore….
Et rien dans son regard sur sa vie pour banaliser ou dédramatiser.
Rien non plus pour consoler une infinie tristesse
Qu’elle ne sait pas nommer mais qu’elle évoque
Avec un sens poétique étonnant.

Comment avez-vous fait pour écrire comme ça ?
Un mot après l’autre, dit-elle, à la main…
Comme on rêverait tous de savoir écrire !
On dirait qu’elle écrit comme Séraphine peignait.
Illuminée par une clairvoyance intérieure
qui lui dicte les mots et les rythmes.
Le texte s’enroule par moments dans des leitmotiv poétiques,
comme une musique soufi.

Alors pour les habitués du sujet, il n’y a pas de scoop dans le livre de Martine
(curieux – c’est mon propre prénom... les années 50 ...)
Mais il y a comme l’âme d’une petite fille qui trouverait des mots d’adulte
Pour dire – et plus souvent nous faire deviner les évènements qu’elle ne peut pas nommer.

Elle peut juste poétiser ses rêves, ses manques, la souffrance, l’espoir et le désespoir
Et souvent la colère, l’impuissance devant l’injustice... Pauvre petite fille pauvre !

Ce livre, ce bel objet imprimé, arrive dans sa vie comme un cadeau. Malgré la dureté du sujet.
C’est maintenant qu’elle est âgée et que le RSA lui permet d’assurer son minimum nécessaire qu’elle peut consacrer des journées entières à noircir des pages. Elle prépare la suite.
Mais sans attendre, il faut soutenir ce travail qui dépasse le témoignage. C’est de la littérature. De la très jolie littérature. Contactez donc les Editions du Panthéon (01 43 71 1472) pour vous procurer Emprisonnée !

Martine COSTES PEPLINSKI – 10 juin 2011

dimanche 22 mai 2011

DSK et nos démons

- Ah ! Les besoins sexuels irrépressibles
L'homme, sans maîtrise ni contrôle sexuel, s’emparant à l’aveuglette des femmes qui éveillent en lui des pulsions, cela n’existe pas. Aucun homme ne s’empare de femmes au hasard. Tout homme sait et a toujours su quelles sont les femmes auxquelles il peut prétendre et celles qu’il ne peut pas toucher : les interdites sont celles qui appartiennent à un plus puissant que lui.
En dessous de lui, seul son gendarme intérieur lui indiquera s’il peut ou non sauter sur sa voisine, sa secrétaire, la bonne et celle femme à qui il peut dire « c’est combien pour une pipe ?»
Ce gendarme intérieur, il est construit par la culture, l’éducation, l’histoire vie (parfois traumatique) mais aussi très souvent en matière de sexualité par l’ignorance, la peur, et les mauvais apprentissages de son corps et de ses émotions.

- Alors, il l’a fait ou pas fait ?
Pour ses amis et ses proches, rien dans son comportement ne permet d’imager que cet ami, ce mari, ce père, ce collègue ait commis de tels actes. Normal.
- si les agresseurs portaient leurs actes sur leur front, cette question serait réglée depuis longtemps !
- cela fait peu de temps que nous avons commencé à croire les victimes même quand la personne qu’elles accusent est un notable, un adulte, un grand-père, un professeur bien sous tout rapport, une personnalité en vue... Le film Les Risques du Métier a fait reculer de 20 ans en France la reconnaissance des faits d’agressions sexuelles par rapport aux autres pays occidentaux !
- personne n’a du mal à les croire les victimes quand elles accusent des «pauvres gens» : l’affaire d’Outreau a été – malheureusement - exemplaire à cet égard !

Je ne sais pas s’il l’a fait ou pas. Lui, le sait. La victime le sait. L’enquête nous le dira peut-être. Car prouver ce qui s’est passé sans témoin est bien difficile. Et le doute bénéficie au « présumé innocent ».


- C’est incompréhensible
Il est beau, riche, intelligent, cultivé, bien élevé, marié à une femme merveilleuse, succesfull... et tout ! Pourquoi se taperait-il la bonne quand qu’il peut avoir toutes les femmes qu’il veut à ses pieds !

Oui : certains comportements humains peuvent être aberrants, irrationnels, et parfois monstrueux – y compris chez des personnes socialement très bien « intégrés ». Jorge BARUDY, célèbre psychiatre chilien, torturé au moment du coup d’état de Pinochet répète souvent : « J’ai une collection de petits cochons. J’aime bien les cochons : ils font de cochonneries mais ne disent pas qu’ils ne les font pas. Alors que nous, les humains, nous pouvons basculer en une seconde dans la pire des animalités... »

- L’honneur de la France ?
Le droit ne parle que de DIGNITE HUMAINE. C’est difficile à définir mais dans une agression sexuelle, c’est toujours la victime qui est atteinte dans sa dignité. Ce qui touche l’agresseur, c’est d’être pris : même s’il se sent coupable, il se rend rarement spontanément à la police– et rarement chez un thérapeute pour se soigner.

- Présomption d’innocence et évolutions du système judiciaire
Le traitement du délinquant n’a été amélioré que lorsqu’une personne célèbre s’y est trouvée confrontée : les femmes de bonne condition arrêtées dans les rafles de prostituées, un élu dont la photo est publiée dans les journaux. De la suppression des galères à la présomption d’innocence, toutes les évolutions du système pénal, nous les devons aux nantis envoyés à tort ou à raison dans nos geôles. L’humiliation, les maltraitances, le malheur qui s’abat sur la famille, tout cela n’émeut que peu de gens quand il s’agit de nos 66 000 détenus. L’affaire DSK a donc des chances de contribuer à améliorer l’état de nos prisons : Fleury Mérogis ne vaut pas mieux que Ryckers.

- Victime en droit français
Quand nous avons aboli la peine de mort, il a été créé un dispositif d’aide aux victimes car l’opinion ne comprendrait pas qu’on améliore le sort du délinquant sans améliorer celui des victimes.

30 ans plus tard, e droit des victimes laisse toujours à désirer en moyens et en droit. Et le socle de la défense du présumé innocent sera de décrébiliser celle qui l’accuse : elle n’avait pas de culotte, elle n’a pas de traces, sur sa peau noire on ne peut pas voir les bleus (c’est du vécu!), elle avait bu, provoqué, elle est mère célibataire, elle n’a pas dit non, elle fabule, elle est sans papiers... Notre système pénal oblige l’agresseur à détruire la victime : c’est sa seule chance d’éviter ou de réduire sa peine.

De ce point de vue, le plaider coupable américain est un soulagement pour les victimes : l’auteur reconnaît les faits et paye, en prison et/en dollars. Dans notre système, il a intérêt à nier tout ce qu’on n’arrive pas à lui prouver. Si la victime ne peut pas prouver qu’elle est parfaitement pure, le doute profite au présumé innocent : classement sans suite, non lieu, acquittement. Et la victime n’aura alors ni reconnaissance symbolique, ni indemnisation.

Bref, la plus pure victime d’agression sexuelle est celle qui est morte car on pardonne mal aux victimes d’horreur d’avoir survécu et de dire l’horreur.

Sexe, pouvoir et médias
Si DSK n’était pas un homme politique de portée internationale, nulle information au 20h, nul mouvement d’opinion pour le défendre car il n’aurait pas accès à la presse – ni à You Tube.

Cette vilaine affaire peut-elle servir de leçon ?
Les français découvrent la réalité d'un système pénal américain hyper répressif que nous copions à la lettre depuis 10 ans en augmentant toujours les peines, sans donner les moyens à la justice, en retirant les moyens du soin... sans organiser un vrai travail de prévention !

Il existe aujourd’hui beaucoup de travaux, beaucoup de professionnels prêts à travailler ces sujets difficiles pour améliorer les réponses aux questions d’agressions sexuelles. Qu’on les écoute un peu et qu’on leur donne les moyens d’un travail de fond sur les agresseurs. et un réel soutien aux victimes : secours, sécurité, accompagnement psychologique et juirdique, réparation.

Et donnons enfin les moyens humains et matériels pour mettre en œuvre le programme de 2 heures par trimestre de la maternelle au lycée pour l’’éducation à la vie affective et sexuelle.

8 victimes d'agressions sexuelle sur 10 ne porte pas plainte
Et si enfin, nous nous faisions un devoir de réduire ce chiffre !

Martine COSTES PELPLINSKI - 21 mai 2011
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mercredi 27 avril 2011

Elle a tué Shérazade !

Mille et un Merci à Joumana Haddad pour son livre "Jai tué Shérazade" ...que j’ai lu un peu tard mais le temps....



Schérazade, voilà des années que je raconte cette histoire pour introduire mes exposés sur la violence conjugale : comment les femmes ont dû – faute de pouvoir civil, civique et économique – développer ce savoir-faire conjugal que les hommes ont longtemps nommé : « le pouvoir sur l’oreiller ». Utiliser les quelques heures partagées pour obtenir par mille habiletés et stratagèmes ce que le droit vous refuse.

Schérazade, c’est pour sauver sa vie et celles de toutes les jeunes vierges du pays, qu’elle a déployé une imagination incroyable – avec l’aide de sa sœur, d’ailleurs. Probablement bien des habiletés corporelles aussi... Pour d’autres Shérazade, c’est pour une autorisation de faire du cheval, une autre pour s’offrir un ruban, une autre pour avoir le minimum qui permettra de nourrir ses enfants, une autre pour éviter les coups… Oui, cette habileté relationnelle qui lui permettra de déjouer son tyran – ou tout simplement de tirer le maximum de son mari. Et s’il elle n’obtient pas le cadeau, le privilège, la vie sauve… et bien c’est qu’elle n’est pas à la hauteur de la tâche.

Je me suis mise à raconter l’histoire de Shérazade suite aux déchainements très médiatisés de mouvements féministes contre des textes hyperviolents de certains groupes de rap. La violence des Mille et une Nuits n’a jamais fait l’objet d’une demande d’interdiction pour sexisme.Au contraire, ce titre nous plonge dans le rêve de l’Orient magique… À l’évocation de Shérazade, chaque femme se demande si elle lui arrive à la cheville...

Je peux vous dire que : Oui, Mesdames, vous la valez bien ! Toutes. Sinon l’espèce humaine féminine aurait disparu face à la violence subie depuis les dix derniers millénaires : entre le viol arme de guerre, le mariage imposé, l’esclavage et l’abandon pur et simple de la pauvre fille enceinte … bref un programme qui devrait faire honte à l’humanité toute entière.

Mais comme nous y invite Joumana HADDAD, nous pourrions dépasser Shérazade pour obtenir plus que la seule vie sauve : obtenir la pleine vie – la liberté d’être femme, la fierté d’être femme, conquérir le plaisir d’être femme… Pour cela, il nous faut toutes opérer un vrai travail sur nous-mêmes. J’y avais été invitée il y a plus de 30 ans, par une stagiaire camerounaise, Aminata, mariée à un marabout et mère de deux fillettes.

Elle avait négocié sa place dans ce stage d’insertion à la Shérazade : « Mon mari est d’accord. Alors il faut absolument me prendre maintenant. Peut-être que dans six mois, il dira non. Je ne peux pas rater cette occasion. » L'argument méritait toute ma solidarité féminine. Elle a donc intégré cette formation d’AMP.

Et à l’occasion d’un travail du groupe sur quelques articles médicaux, une autre stagiaire a buté sur le mot excision. À vrai dire, la jeune femme a buté sur ce mot car elle avait du mal à imaginer en quoi pouvait consister une telle opération. C’est là que Aminata est intervenue :. « C’est EXCISION. Et je vais vous expliquer ce que c’est ».

Elle a tout dit, en termes simples : comment, à quel âge, l’horreur, l’effroi, la douleur, la douleur encore aujourd’hui. Et les mobiles culturels, médicaux ou religieux - tous fallacieux.  Et pourquoi elle ne retournait pas en vacances dans son pays sachant qu’on exciserait ses filles contre sa volonté. (C’est aujourd’hui interdit au Sénégal depuis 1999). Mais après cette autocritique courageuse de sa propre culture, de son pays, de ses proches, elle s’est mise debout devant le groupe et elle a terminé en disant : « Je sais que cela vous horrifie mais ne vous leurrez pas : en Occident, vous êtes excisées dans la tête ! ».

Merci donc à Joumana HADDAD, comme à Aminata, de nous interpeller nous, femmes occidentales qui - un peu trop facilement – nous croyons au-dessus de la mêlée, porteuses d’un modèle de développement que nous croyons plus avancé que celui des autres…

Merci de nous inviter à explorer notre réalité de femme dans sa grandeur comme dans ses bassesses, dans la quête d’être meilleure, peut-être…

Merci enfin de nous inviter à dépasser le syndrome de la Stroumpfette : au pays des Stroumpfs, il n’y a qu’une seule Stroumpfette. Donc, non seulement il nous faut devenir femme, mais aussi savoir être femme parmi et avec les autres femmes.

Quand dépasserons-nous la rivalité féminine au profit d’une salutaire admiration les unes pour les autres !


Martine COSTES PEPLINSKI – 27 avril 2011

lundi 4 avril 2011

Pénalisation des clients de la prostitution

Un autre aspect du débat infernal : tolérer, organiser, interdire….




Aujourd’hui le Ministère de la Santé envisage pénaliser la prostitution. Comme en Suède, nous dit-on.

Pas tout-à-fait. En Suède on pénalise le proxénète et le client, oui. Mais pas la personne prostituée. La Suède analyse la prostitution comme une violence faite aux femmes. Donc, pas question d’ajouter une violence d’Etat à la violence de la situation de prostitution.

Alors qu’en France, jusqu’ici, on pénalise les proxénètes et depuis 2003, les personnes prostituées aussi. M. Sarkosy, alors Ministre de l’Intérieur avait réintroduit – 40 ans de dépénalisation - le délit de racolage – applicable aux seules personnes prostituées. Ainsi, elles risquent 2 mois de prison et 3000 euros d’amende. Et la police a fait le nécessaire pour appliquer très sévèrement ce texte (+ de 5000 arrestations en 2004). Et les rues de Paris sont devenues magiquement nikelchrome…

Avec la pénalisation du client, la France ne rejoindra donc pas la Suède mais les 70 pays prohibitionnistes du monde de : les USA, l’Afghanistan, l’Arabie Saoudite, la Russie etc. Pour le client, c’est, selon les pays, une amende, de la prison, vingt coups de fouets, la peine de mort…

Dans tous ces pays, les peines les plus dures sont pour proxénètes – dans les textes. Dans les faits, ce sont les personnes prostituées qui sont le plus souvent arrêtées et punies car ce sont elles qui doivent prendre le risque de se montrer pour arriver à faire leur chiffre. Elles sont donc les plus faciles à attraper. Par ailleurs, même quand elles ont une clientèle huppée, elles ne bénéficient d’aucune protection – contrairement aux proxénètes et à bon nombre de clients.

Dans le monde, la majorité des femmes détenues le sont pour prostitution – et il est simple de comprendre que la prison ne va pas améliorer leur vie. Elles y rencontreront de nouvelles violences, souvent la drogue et à la sortie, elles sont plus endettées qu’en y entrant.

Alors que le monde entier s’émeut « idéologiquement » sur la misère des personnes prostituées, tout un chacun – même les plus humanistes continuent soupirer sur la fatalité du « plus vieux métier du monde », comme Monsieur Badinter excuse le monsieur très bien est arrêté avec une prostituée mineure « c’est difficile souvent de voir si elles ont plus de 18 ans... ». Quand c’est un grand footballeur, on nous explique la grande stratégie de carrière de la jolie call-girl de 16ans ½ … à se demander pourquoi on s’embête à pousser nos filles à faire des études ! Quand un président de la république italien s’offre des petites étrangères, jamais le mot traite des êtres humains n’est prononcé ! Et si l’actrice Charlize THERON a reçu un Oscar pour son interprétation dans MONSTER , les prostituées, elles, continuent d’être incarcérées – et parfois exécutées - sans pitié aux USA.
C’est le sujet sur lequel les solidarités masculines les plus viles fonctionnent à quasi 100/100. Et sur lequel les rivalités féminines entre femme légitime /maitresse /prostituée n’ont pas bougé d’un yota depuis la Grèce antique ! À chaque femme de défendre son territoire. Et depuis que chacune s’autonomise du mari, de l’amant ou du proxo, chacune est de plus en plus seule dans la lutte pour la survie.

Même les hommes prostitués se marrent : « C’est bizarre, les femmes doivent mal se débrouiller car elles sont très souvent arrêtées alors que nous, on a la paix… Les flics nous laissent tranquilles… », narguait un transsexuel dans une réunion publique à la Mairie du Xème en 2009.
Bref, celles qui sont sur le trottoir – soit on veut bien penser qu’elles l’ont choisi – soit ce sont de pauvres filles qui ne savent bien se défendre.
Entre pitié caritative, rejet idéologique, sarcasmes, hypocrisie et mépris, rien n’a bougé. Les quelques services sociaux assignés à ce travail voient leur financement fondre aussi vite que la police nettoie les rues pour nous faire savoir qu’il n’y a plus de problème !
Et c’est toujours la sécurité publique qui guide les grandes décisions. Y compris dans les quelques pays qui légalisent des bordels : ce ne ni pour soigner la misère sexuelle, ni pour prôner une quelconque liberté sexuelle, c’est tout simplement pour un meilleur contrôle de l’activité.
Comment penser qu’en France, la pénalisation des clients vise vraiment à protéger les personnes prostituées : le gouvernement se félicite de sa bonté pour n’avoir arrêté que 2315 personnes prostituées en 2009 – soit 55% de moins qu’en 2004. Mais une lecture attentive de cette évolution nous démontre qu’au contraire, après le nettoyage intensif des rues qui a amené tant de femmes à se cacher, à fuir – et nombre d’entre elles à être expulsées, la répression envers les femmes est encore plus dure aujourd’hui qu’en 2004 !
Rien n’a bougé. Nous restons entre fascination ou épouvantail, la vraie réflexion sur la fonction de la prostitution dans une société n’est pas encore menée !!! Et le contexte anxiogène mondial rend cette petite question si mineure que peu de médias s’y sont intéressés cette fois. Donc, la mesure risque d’être votée dans un désintérêt général total. La France pourra se faire croire qu’elle s’est alignée sur la Suède....
Martine COSTES PEPLINSKI – 4 avril 2011

vendredi 18 mars 2011

AIDANT-E-S SEXUEL-LE-S - Une vraie fausse bonne réponse


une vraie fausse bonne réponse à la question SEXUALITE et HANDICAP

S'il existe une vraie question « SEXUALITÉ ET HANDICAP », il me paraît, en tant que sexologue et directrice d'un centre de formation en sanitaire et social, que l'aidant sexuel[1] est une vraie fausse bonne réponse.

1- C'est la même illusion que les maisons closes
- Organiser un service sexuel payant propre et honnête et satisfaisant : aucun pays à aucune époque n'a jamais réussi ce challenge. [2]
- Penser que si on n’a pas accès spontanément à la satisfaction sexuelle, on peut l’acheter : cela fait la fortune des proxénètes et autres vendeurs de potions du bonheur.

2- Les glissements sémantiques : prostituées, puis caresseurs sont devenus aidants sexuels.
Aider à la sexualité, les personnels de proximité[3] le font : aide au déshabillage, installation dans un lit, conseil sur la contraception, sur une position facilitante, etc.
Pratiquer des touchers sexuels, ce n’est plus aider, c’est passer une limite qu’on appelle le passage à l’acte. C’est cette limite que nous masque le terme policé d’«aidant sexuel».

3- Illusions sur le recrutement des aidants sexuels ...
- On manque de personnel pour accompagner les séjours de vacances et on trouverait du personnel pour pratiquer des touchers sexuels ?
- Quelles sont les motivations des personnes intéressées à agir cette prestation ? Générosité humaine, vocation, intérêt économique, intérêt sexuel, pathologie ?
- Le mariage, exigé lors du recrutement, n'est pas une garantie de santé mentale et sexuelle : le plus haut risque de violence et de viol est dans la famille !!!
- Les aidants sont surtout des aidante-s. Cette question de genre mériterait un long débat.

4- Comment est évaluée cette pratique de touchers sexuels ?
- A partir de quelques témoignages, cette pratique est présentée comme efficace, infaillible, satisfaisante et sans échec. A l’opposé, les personnels médico-sociaux sont présentés comme démunis, incompétents, nuls et non avenus.
- Si c’est efficace, pourquoi ne pas l’intégrer dans les pratiques des professionnels du secteur ?

5- Faiblesses de la formation des aidants sexuels
- Toucher au corps et au corps sexué, c'est prendre des risques de déclencher des réactions particulières : malaises, évanouissement, anxiété, décompensation, etc. Il semble que l'aspect « faire plaisir » occulte totalement cette réalité médicale. - Ce toucher au corps sexué est aussi porteur d’un risque de projection auquel le donneur semble insuffisamment préparé.
Pour rappel, en France, le DU de sexologie, c'est 231h de formation sur 3 ans à la Faculté de Médecine. (et à ma connaissance, aucun sexologue ni thérapeute ne s’arrête là. Il continue à se former et à se faire superviser tout au long de sa vie professionnelle).

6- Et la déontologie ?
            - Si on lève l'interdit de toucher sexuellement à l'usager, au patient, deux questions se posent :
- pourquoi ne pas limiter cette pratique aux professionnels du médical et du psychologique pour essayer de maintenir une garantie contre les abus ?
- pourquoi ne pas étendre cette réponse à toute personne en souffrance sexuelle ?

7- La protection des personnes vulnérables
- La protection des publics vulnérables contre les abus sexuels et contre les abus économiques reste une préoccupation majeure (lois, chartes, déontologie). Permettre des services sexuels  contre rémunération met parait faire fi de cette dimension « vulnérable » qu’elle soit affective, émotionnelle ou intellectuelle ou mentale. (Les personnes handicapées sont souvent grugées par des prostituées, des bars à hôtesses...)

.../...
8- Une démarche étayée sur quelques idées fausses
- les hommes ont des besoins irrépressibles
- l'érection exige pénétration et éjaculation
- la frustration sexuelle génère de la violence (elle génère plus souvent un état dépressif)
- les femmes se suffisent de caresses superficielles
- un aidant sexuel peut contrôler la chaine de ses sensations/émotions et cognitions[4].
- une personne avec handicap se satisfera de touchers déconnectés des affects et des cognitions.
- la prostitution répond à la misère sexuelle (non, le proxénétisme profite de la misère sexuelle)
- la liberté, c’est le sexe sans conséquence
- la sexualité, c'est naturel : ça n'a pas besoin de s'apprendre
- les personnes sans handicap vivent une sexualité libre, sans obstacle majeur (surtout les français !)

9- Pourquoi créer une situation dérogatoire ?
- Les textes de 2002 et 2007 posent le principe de non discrimination. Pourquoi en matière de sexualité demander la réintroduction d'une dérogation ?

10- Pourquoi changer les textes sur le proxénétisme ?
- Comment justifier que pour satisfaire sexuellement un nombre très réduit de personnes (puisque le projet concernerait les personnes avec très grand handicap), il faille supprimer un texte qui vise à protéger des millions de femmes (et d’hommes et d’enfants) de la prostitution et de la traite des êtres humains[5]. Par méconnaissance de la réalité prostitutionnelle, j’espère.

Et enfin, si on parlait vrai : un savant mélange de malaise, de culpabilité ...
- le handicap  génère chez les valides un malaise profond, souvent compensée par une mise à distance plus physique ou psychologique. La revendication « aidant sexuel » portée par des personnes essentiellement IMC – présentant donc un lourd handicap physique mais des facultés intellectuelles intactes démultiplie le malaise chez les valides : gêne, culpabilité, honte, pitié… Autant d’émotions qui ne sont pas bonnes conseillères. Jusqu’à hier, on les cachait loin de notre vue pour s’en protéger. Aujourd’hui, on bascule dans l’inverse : il faudrait leur promettre le droit au bonheur … comme si on en détenait la clé !

... et de fantasmes !
- le valide pense «A sa place, je préfèrerais mourir ». Alors quand ce handicapé lui dit : « Je suis comme vous. J’ai envie de sexe ! ». C’est à proprement parler terrifiant et culpabilisant.

Il est alors difficile au valide de dire au handicapé que quoi que ce soit que nous mettions en place pour compenser, le handicap ne disparaitra pas. Nous pouvons essayer de l’aider à en repousser les limites, mais nous ne gommerons pas sa réalité – ni la nôtre. Et que les aidants sexuels ne disposent pas d’une potion magique que les autres n’auraient pas encore trouvée ! Sinon, il y a longtemps qu’ils auraient fait fortune.

Il faut vivre ce qu’on est, faire chacun notre travail d’exister. Et la sexualité, comme tous les actes de notre vie, mérite attention, découverte, apprentissages, exploration..., essais, prises de risques : Il y aura plaisirs, erreurs, douleurs parfois et si possible des ressentis extraordinaires de liberté, de dépassement et d’amour .... Mais ce n’est pas magique et ça ne s’achète pas ! Ça se construit jour après jour ....


Martine COSTES
L’ESPACE METANOYA




[1] M.Nuss milite pour la formation d'aidants sexuels pour que les grands handicapés bénéficient de prestations sexuelles, sur un modèle testé en Suisse. Pour la mise en oeuvre en France, il demande, avec le soutien de plusieurs fédérations, la modification du code pénal qui déclare proxénète tout « intermédiaire entre prestataire et client de services sexuels ».

[2] Relire les travaux du Dr Parent Duchâlet[2] (initiateur des maisons de tolérance pour enrayer la syphillis) ou Le Pornographe de Restif de la Bretonne (pour répondre aux intenses besoins sexuels masculins). En une génération, ils obtiennent le même résultat : violences, corruption, trafics et épidémies[2]. Les aidants sexuels nous apporterons des déboires similaires : désillusions, accidents, abus et revirement puritain.

[3] AMP, éducateurs, auxiliaires de vie, infirmiers, etc...
[4]    Cognitions : l'ensemble de valeurs, interdits, connaissances et des non-connaissances, croyances, idéologies, etc...

[5] C’est « faire office d’intermédiaire » que certains demandent de supprimer du code pénal (art 225-5 à 10). Cet article est conçu pour pouvoir interpeller des proxénètes quand la police ne peut pas apporter les preuves des pressions exercées ou des échanges d’argent. C’est ce qui permet d’arrêter recruteurs, passeurs et contrôleurs.

mercredi 16 mars 2011

Mourir ou vivre ? Vivre et mourir ?



À l’heure où les insurgés libyens savent la défaite inéluctable …et dans des conditions probables d'une rare violence....
À l'heure où les japonais font face à un scénario apocalyptique que seul le cinéma se permettait d'imaginer...

Que viendrait faire la sexualité ici ?

Aussi étonnant que cela paraisse, quand la vie et la mort se frôlent, les besoins sexuels ne sont pas réduits au silence. Pour se consoler, pour se soutenir, pour – le temps de quelques minutes – faire abstraction de la force implacable de la réalité – le besoin de se lover, se coller jusqu'à ne faire qu'un– et pardessus tout, le besoin de vivre et de se sentir vivre !

Parfois, c’est avec quelqu’un de totalement étranger car la situation ne donne pas le temps d’être avec son amoureux… ou parce qu’on n’a pas d’amoureux, ou parce qu’il vient de mourir, notre amoureux, … Alors, les bras, le torse, le corps et le sexe d’un autre ou même d’une autre seront le meilleur des contenants du monde… Un berceau, les ailes du cygne pour s’envoler, la fusée qui nous arrache au réel …

Parfois seul le rêve de ces moments intenses, vécus ou non, pourront permettre d’effacer un instant l’inacceptable…

La sexualité consolation, la sexualité soutien, rempart contre la peur, l’angoisse ou le désespoir, c’est celle qui nous fait toucher le plus profond de nos besoins existentiels : vivre et rester vivant !  

L'imminence des grandes catastrophes nous intime l'ordre impérieux de nous aimer les uns les autres !

Martine COSTES PEPLINSKI

vendredi 11 mars 2011

Vive les TABOUS - A bas les NORMES

Ce n’est pas les tabous qui nous gênent ...


Des tabous, il en faut. Aucune culture ne fonctionne sans tabou. Et les tabous liés à la sexualité couvrent deux protections essentielles : l’interdit de l’inceste et l’interdit de la violence.   Rien de gênant à ça !

Non, ce qui nous cause bien plus de difficultés ce sont les normes véhiculées par la culture, les statistiques, les stéréotypes, les lieux et les époques....
- l’encodage « sale, moche, vilain » encore véhiculé dans notre culture pour tout ce qui est du génital ;
- pour les femmes, on y ajoute l’encodage « douleur » pour tous les signes émis par le bas ventre ;
- l’impératif draconien des modèles de beauté tant masculin que féminin ;
- l’obligation de performance pour les hommes qui les fait se sentir toujours en dessous du bon niveau... en quantité, en position, en nombre de partenaires, en expérimentation...
- l’obligation de « dire non » si on est une femme honnête, qui empêche les femmes d’exprimer leur sexualité sous peine d’être taxée de salope ou de pute
- l’injonction à jouir, qui pousse à consommer tout le temps, vite et beaucoup...
- la compétition entre hommes : 1 seule place en haut du podium, le 2ème est déjà un perdant, LE prince charmant...
- la compétition entre femmes : 1 seule femme chez les 7 nains, chez les Stroumpf, 1 seule est « LA plus belle » !!

Alors, soignez bien les tabous mais libérez votre sexualité des modèles réducteurs, limitant, culpabilisant. Non, vous n’êtes pas nul(le) parce que vous n’avez jamais fait l’amour sur le Grand 8 ou attaché avec des menottes. Non, vous n’êtes pas coincée si vous n’avez pas encore acheté un sex-toy. Non, vous n’êtes pas ringard si vous vous sentez plutôt fidèle...

La sexualité, ça vit avec la vie, ça s’apprend, ça se développe et si possible, ça se savoure !! Grâce à la contraception qui nous a enfin libéré(e)s du risque de grossesse indésirée, la sexualité que nous pouvons vivre aujourd’hui peut servir à se faire plaisir, à se consoler, à passer un bon moment, à éviter l’ennui ou la solitude, à consolider une relation, mais en tout cas, il n’y a aucune bonne raison qu’elle serve à se meurtrir !!!

Martine COSTES PEPLINSKI – L’Espace METANOYA

mardi 8 mars 2011

Différences Homme/Femme et construction de la famille

Différences homme/femme et construction de la famille


Martine COSTES PEPLINSKI, L’ESPACE METANOYA


Seules les femmes peuvent êtres sûres de leur descendance… Toute femme peut, à tout moment dire combien d’enfants elle a mis au monde, combien elle en a perdu, ou refusé de mettre au monde en avortant. Et dire éventuellement qui est le père. Les hommes peuvent ni être sûrs, ni vraiment les compter…). Et quand une femme dit à un homme« c’est ton enfant », confiance en soi et confiance en l’autre sont mis à l’épreuve chez monsieur.

L’homme doit depuis toujours s’accommoder de cette réalité: il sort du ventre d’une femme, et doit passer par le ventre d’une femme pour transmettre la vie. La femme a dû - avec ou sans le soutien des hommes - nourrir et élever les enfants qu’elle a mis au monde.

Pire, pendant des centaines de milliers d’années, les humains ont attribué la naissance des bébés à la seule magie du ventre féminin, ignorant totalement la part du masculin dans la reproduction humaine…


Au paléolithique récent (-30 000 av JC)
Aucune représentation d’accouplement humain dans l’art paléolithique mondial. Seulement des représentations de sexes féminins et masculins isolés.
Le modèle de compréhension du monde, c’était la nature, les plantes, les arbres. La représentation de la capacité à mettre au monde a donc été interprétée par l’analogie directe avec ces observations : les enfants poussaient dans le ventre des femmes comme poussent les fruits sur les arbres. Comme on priera pour que la nature soit généreuse et on priera pour que le ventre des femmes soit fertile.
On a retrouvé de nombreuses statuettes aux formes généreuses. On les appelle déesse mère. Mystère et pouvoir magique : d’où vient la vie ? Ce secret est longtemps resté scellé dans le ventre des femmes.

Le néolithique (-10 000 av. J.-C.)
Au néolithique, c’est par l’élevage devenu possible avec l’apparition d’animaux plus petits (cheval, chien) que les hommes vont observer la reproduction animale. Ils comprennent alors le lien entre accouplement et grossesse. Apparaissent alors les représentations phalliques dans l’art, le taureau, par exemple. Le sperme devient « essence de vie » (qu’il ne faudra plus gâcher en se masturbant) : le concept de paternité qui émerge.

Un savoir scientifique lent à émerger
Pendant les 12 millénaires écoulés, les explications les plus diverses du mystère de va vie vont être fournies par les sciences et par les religions. Cela ira de la graine que Monsieur doit arroser tous les jours dans un ventre-réceptacle, à Adam et Eve ou la cuisse de Jupiter, ou le St Esprit. Mais ce n’est que vers 1850 que l’on a compris ce qui se passe dans le ventre des femmes.

Incidences de ces méconnaissances sur l’organisation de modèles familiaux
Il est évident que ces méconnaissances sur la répartition biologique inégalitaire vont induire une répartition des rôles sociaux différents pour les femmes et pour les hommes. On peut en tracer deux structurations familiales que l’on trouve dans le monde entier, séparément ou plus ou moins entremêlés selon les lieux et les époques :

1) la filiation par les ventres :
-          fondée sur la filiation sûre :
-          certifiée par la grossesse et l’accouchement
-          pérenne car incontestable
-          indestructible même par la mort
-          son économie : faible prélèvement sur la nature + entraide obligée + troc = faire des enfants qui adultes doivent entretenir les jeunes et les anciens.
-          sa richesse : ses femmes – qui donnent des enfants / ses hommes qui donnent leur force au groupe.
-          entraide et assistance : repose la fratrie axe des devoirs. Ex : c’est l’oncle maternel qui jour le rôle du  « père ».
-          la loi est orale

2)      la filiation du nom du père
-          fondée sur la reconnaissance de l’enfant par son père.
-          s’organise sur la transmission du patrimoine (nom et héritage)
-          seul le fils aîné hérite … le cadet reste sans rien
-          la fille devient inutile
-          pour se garantir des femmes intrigantes, seule la femme légitime pourra revendiquer la reconnaissance de ses enfants par son mari.
-          économie : production intensive + commerce
-          entraide et assistance : la loi du plus fort jusqu’à la révolution française qui propose une redistribution des richesses via l’Etat (SS, retraite, école obligatoire, etc…)
-          la loi est écrite (-4000)

Le système va devenir très vite assez riche et puissant pour envahir les territoires qui fonctionnent sur le 1er modèle. On y trouve encore aujourd’hui un droit coutumier sur le modèle 1 et un droit écrit sur le modèle 2.

Dans les deux structures familiales, la question de la prise de contrôle des comportements sexuels de F pour contrôler la descendance se pose – avec plus ou moins d’acuité selon les lieux et les périodes. Soit on les contrôle pour qu’elles n’aillent pas faire des enfants qui profiteraient à un autre groupe, soit pour empêcher qu’elle ne fasse reconnaître à un homme les enfants d’un autre… Soit pour les 2 ! Autrement dit, la liberté sexuelle des femmes est dangereuse car elle détruirait autant le système clanique (ou groupal/ communautaire), soit le système patrimonial.

Les stratégies pour contrôler les femmes
-          par la force
-          par la dépendance économique
-          par la dépendance civique et civile qui les obligent à se mettre sous la protection d’un homme pour survivre et élever leurs enfants.

Mais aussi par des moyens plus subtils comme
-          faire croire aux filles qu’elles ne sont pas capables de se contrôler ni se défendre seule
-          l’exigence de virginité au mariage puis de fidélité
-          l’enferment physique des femmes adultes (harem, gynécée)
-          le marquage : quand on ne peut par enfermer les femmes (alliance, point de tatouage, excision)
-          la stigmatisation des femmes « de mauvaise vie »
-          et la mise en rivalité des femmes entre elles puisque sans réel pouvoir social et économique, elles doivent obtenir la protection d’un homme pour survivre et élever leurs enfants.
-          Les contes de fées … du Prince Charmant à Barbe Bleue…
-          Etc…

Et des mécanismes de contrôle « indirects », comme :
-          faire croire aux garçons qu’une fille n’est pas capable d’auto-contrôle
-          faire croire aux garçons qu’être un homme, c’est n’avoir peur de rien
-          exiger des garçons le sacrifice de leur vie pour la patrie ou pour « la cause »les histoires de héro ... de Alexandre Le Grand à James Bond
-        
-          etc…

La prostitution : une solution à la sexualité des personnes très dépendantes ?

Publié par Le Lien Social 843 en Juilet 2007
« La sexualité des personnes très dépendantes » -
(en réaction dossier paru en juin 2007 dans Le Lien Social - qui développait l’intérêt du recours à des personnes prostituées pour satisfaire les besoins sexuels des personnes handicapées.)


Depuis 6000 ans[1], malheureux en amour, éjaculateurs précoces, moins bandants, timides, maris dont la femme ne veut plus, mais aussi psychopathes et violeurs payent des personnes prostituées pour le mirage d’oublier 5mn ou 2 jours –selon leurs moyens- ce qui s’appelle couramment la misère sexuelle. Les personnes handicapées aussi. Toulouse Lautrec nous l’a superbement et tragiquement démontré.

Pour les femmes, la prostitution n’a pas été une réponse aussi massive à leur misère sexuelle. Seules les femmes riches et puissantes ont pu oublier dans les bras d’un gigolo qu’elles étaient seules, moches ou que leur mari s’était lassé d’elles… Ceci change avec l’accès à l’égalité et à l’autonomie économique des femmes. Elles sont aujourd’hui invitées, elles aussi, à payer des services sexuels pour compenser leurs insatisfactions sexuelles.

Mais si la prostitution est bien un lieu de quête de solution sexuelle ou de liberté sexuelle, elle n’a jamais ni soigné ni libéré personne. Pour certain(e)s, ils y trouvent un lieu de décharge physiologique mais en aucun cas un traitement de fond quand à leur processus de développement sexuel. Je m’étonne alors que le recours aux services de personnes prostituées puisse être envisagé par des professionnels de l’action sanitaire et sociale comme la dernière innovation, une innovation révolutionnaire, un battage en brèche des tabous et du moralisme, la seule perspective d’accès à une sexualité épanouie. Et que les personnes prostituées qui n’ont aucune formation médicale, psychologique et sexologique soient regardées par des professionnels de la santé comme des expertes es-sexualité.

À partir de quelle définition de la santé sexuelle revendique-t-on pour les personnes handicapées (ou pour les mieux portants) un droit ? Comment détermine-t-on leurs besoins ? Comment a-t-on travaillé avec eux le désir qui va de la simple décharge physiologique (nécessaire à tous !) au désir d’un lien plus complexe ou plus profond (nécessaire aussi à tous) ? [2]

Droit à quoi ? À un rapport sexuel par semaine, par mois, par an ? 20 mn ou 2 heures ? Par le vagin, par l’anus ? Avec baisers ? Avec câlins, avec tendresse, avec énergie, avec violence ? Avec ou sans suite amoureuse ? Avec enfant ou sans enfant ?

La Suisse et la Hollande sont présentés comme des pays d’avant-garde pour oser utiliser des personnes prostituées pour satisfaire la libido des personnes handicapées. Pourtant, je vous rappelle que Grisélidis Réal, décédée en 2006, n’a pu être enterrée au cimetière de Genève car elle avait demande d’inscrire sur sa tombe : prostituée et écrivain. La condamnation morale de la société y est la même qu’en France : aucun parent suisse ou hollandais n’accueillera avec joie son fils ou sa fille disant : je veux devenir prostitué(e). Et aucune personne prostituée non plus.

Dans ces pays, les personnes prostituées n’ont qu’une tolérance sans réel statut  juridique, fiches de paye, couverture sociale et fiches de poste :
-          quelle formation ?
-          quels services sexuels doivent-elles accepter ? Combien ?
-          quelle reconversion quand patrons et clients n’en veulent plus ?
-          quelle protection des maladies liées à leur exercice ?

La France est présentée comme ringarde, engluée dans de vieux principes judéo-chrétiens de droite. Pourtant, c’est au nom d’une analyse politique qui a émergé à la fin du XIXème siècle dans la dynamique des luttes pour les droits de l’homme et qui lit dans la prostitution un rapport d’esclavage que la France a renoncé aux bordels légaux en 1946 et inscrit les personnes prostituées dans un statut de victime depuis 1960[3]. Ce mot victime doit s’entendre non comme de la compassion mais comme un statut juridique rappelé dans le Code de l’Action Sociale et des Familles (Art L121-9). Victime en droit implique secours, protection, soins et aide sociale et la possibilité de porter plainte et/ou de se porter partie civile contre un proxénète Il est donc inconcevable de demander à des victimes de continuer de se prostituer – même pour d’autres victimes de vie : les personnes handicapées. Et un établissement qui utiliserait des personnes prostituées pour ses résidents serait passible de proxénétisme car « aidant ou assistant la prostitution d’autrui » (Code Pénal art.222-5 et suivants).

Enfin, je vous invite à réfléchir sur les tarifs annoncés : 120 euros pour 20 mn. Qui, dans le social et la santé, gagne un salaire pareil ? Quatre fois plus qu’un médecin, qu’un kinésithérapeute, trois fois plus qu’un psychologue, 10 fois plus qu’une aide-soignante. Qu’est-ce qui justifie ce prix ?
-          le sexe vaudrait plus cher que l’hygiène et les soins quotidiens ? plus cher que l’éducation, la santé mentale et la santé physique ?
-          leur formation professionnelle ?
-          notre culpabilité de leur laisser « les basses tâches » ?
-          notre désarroi face aux questions de sexualité ?
-          le marché : les handicapés sont un marché florissant déjà pour bien du monde…

Si je comprends fort bien que des personnes prostituées trouvent une légitimité dans l’aide aux autres, je pense que les professionnels de l’action sanitaire et sociale ne peuvent pas s’engouffrer dans l’illusion de détenir ici la solution à la question de la santé sexuelle des personnes handicapées :
-          ces expérimentations sont rarissimes.
-          les personnes qui pratiquent ces actes ne s’en trouvent pas psychiquement mieux que tout soignant qui verrait ajouté à sa fiche de poste de pratiquer fellations, caresses ou coït avec les résident(e)s.
-          les caisses de remboursement sont des assurances privées. Nous ne pouvons imaginer la SS remboursant ce type de service quand elle ne rembourse encore pas la contraception, qu’elle déclasse les médicaments remboursés par centaines et qu’elle crée franchises et autres pénalités pour les malades.

La santé sexuelle est une vraie question. Et la sexualité des handicapés est bien sûr une source de souffrance majeure. Qui nous engage à travailler, à innover mais sûrement pas à se débarrasser du problème sur des personnes dont nous ne voudrions pas prendre la place ! Et s’il fallait former les personnes prostituées à la sexologie et à la thérapie, elles y apprendraient que le B.A. BA de la déontologie est de ne pas toucher sexuellement son patient. Elles y apprendraient comment on donne à chacun les moyens de faire plus et mieux avec son propre corps au lieu d’entretenir dans l’attente magique que quelqu’un va réaliser pour eux un miracle.

Non, il n’y aura pas de miracle sexuel pour les handicapés. Ils ne pourront pas faire comme s’ils n’avaient telle ou telle atteinte physiologique, neurologique ou mentale. Ils doivent – comme tout le monde – apprendre à faire avec ce qu’ils sont. Une réelle éducation à la sexualité pour des personnels soignants et des personnes elles-mêmes peut les y aider – tant sur les besoins physiologiques que sur les besoins relationnels – que sur la gestion des frustrations et leur potentialisation en énergie plutôt qu’en plainte. Le film de JY DESJARDINS « A mi-corps », exposant le travail sexologique effectué avec un homme paraplégique en est une illustration exceptionnelle. Mais bien sûr, cela nous oblige à confronter nos connaissances, nos peurs, nos tabous.

Car handicapés ou non, nous devons tous faire avec le corps que nous avons, travailler à se l’approprier pour gérer nos désirs, notre excitation sexuelle dans une dynamique de développement sexuel continu tout au long de la vie. C’est un travail – pas une solution magique. Alors regardons la sexualité en face, analysons besoins et moyens et travaillons à libérer les énergies sexuelles – non à les évacuer.

Martine COSTES PEPLINSKI
Sexologue (Fac de Médecine de Bobigny)
Formée à l’approche sexo-corporelle.
Auteur : Nature, Culture, Guerre et Prostitution- L’harmattan 2002- Coll Sexualité Humaine
L’espace METANOYA
metanoya@metanoya.org


[1] La prostitution apparaît à partir de 4000 av JC et s’institutionnalise pour la 1ère fois en 500 av JC à Athènes.
[2] L’approche sexo-corporelle distingue la décharge sexuelle physiologique – ORGASTE de l’ORGASME qui associe à cette décharge des dimensions émotionnelles dans une gamme qui peut varier de la volupté à l’extase.
[3] Ce statut juridique qui est bien sûr mis à mal depuis les mesures prises par la LSI en 2003 quand M. Sarkozy était Ministre de l’Intérieur.