mardi 8 mars 2011

Différences Homme/Femme et construction de la famille

Différences homme/femme et construction de la famille


Martine COSTES PEPLINSKI, L’ESPACE METANOYA


Seules les femmes peuvent êtres sûres de leur descendance… Toute femme peut, à tout moment dire combien d’enfants elle a mis au monde, combien elle en a perdu, ou refusé de mettre au monde en avortant. Et dire éventuellement qui est le père. Les hommes peuvent ni être sûrs, ni vraiment les compter…). Et quand une femme dit à un homme« c’est ton enfant », confiance en soi et confiance en l’autre sont mis à l’épreuve chez monsieur.

L’homme doit depuis toujours s’accommoder de cette réalité: il sort du ventre d’une femme, et doit passer par le ventre d’une femme pour transmettre la vie. La femme a dû - avec ou sans le soutien des hommes - nourrir et élever les enfants qu’elle a mis au monde.

Pire, pendant des centaines de milliers d’années, les humains ont attribué la naissance des bébés à la seule magie du ventre féminin, ignorant totalement la part du masculin dans la reproduction humaine…


Au paléolithique récent (-30 000 av JC)
Aucune représentation d’accouplement humain dans l’art paléolithique mondial. Seulement des représentations de sexes féminins et masculins isolés.
Le modèle de compréhension du monde, c’était la nature, les plantes, les arbres. La représentation de la capacité à mettre au monde a donc été interprétée par l’analogie directe avec ces observations : les enfants poussaient dans le ventre des femmes comme poussent les fruits sur les arbres. Comme on priera pour que la nature soit généreuse et on priera pour que le ventre des femmes soit fertile.
On a retrouvé de nombreuses statuettes aux formes généreuses. On les appelle déesse mère. Mystère et pouvoir magique : d’où vient la vie ? Ce secret est longtemps resté scellé dans le ventre des femmes.

Le néolithique (-10 000 av. J.-C.)
Au néolithique, c’est par l’élevage devenu possible avec l’apparition d’animaux plus petits (cheval, chien) que les hommes vont observer la reproduction animale. Ils comprennent alors le lien entre accouplement et grossesse. Apparaissent alors les représentations phalliques dans l’art, le taureau, par exemple. Le sperme devient « essence de vie » (qu’il ne faudra plus gâcher en se masturbant) : le concept de paternité qui émerge.

Un savoir scientifique lent à émerger
Pendant les 12 millénaires écoulés, les explications les plus diverses du mystère de va vie vont être fournies par les sciences et par les religions. Cela ira de la graine que Monsieur doit arroser tous les jours dans un ventre-réceptacle, à Adam et Eve ou la cuisse de Jupiter, ou le St Esprit. Mais ce n’est que vers 1850 que l’on a compris ce qui se passe dans le ventre des femmes.

Incidences de ces méconnaissances sur l’organisation de modèles familiaux
Il est évident que ces méconnaissances sur la répartition biologique inégalitaire vont induire une répartition des rôles sociaux différents pour les femmes et pour les hommes. On peut en tracer deux structurations familiales que l’on trouve dans le monde entier, séparément ou plus ou moins entremêlés selon les lieux et les époques :

1) la filiation par les ventres :
-          fondée sur la filiation sûre :
-          certifiée par la grossesse et l’accouchement
-          pérenne car incontestable
-          indestructible même par la mort
-          son économie : faible prélèvement sur la nature + entraide obligée + troc = faire des enfants qui adultes doivent entretenir les jeunes et les anciens.
-          sa richesse : ses femmes – qui donnent des enfants / ses hommes qui donnent leur force au groupe.
-          entraide et assistance : repose la fratrie axe des devoirs. Ex : c’est l’oncle maternel qui jour le rôle du  « père ».
-          la loi est orale

2)      la filiation du nom du père
-          fondée sur la reconnaissance de l’enfant par son père.
-          s’organise sur la transmission du patrimoine (nom et héritage)
-          seul le fils aîné hérite … le cadet reste sans rien
-          la fille devient inutile
-          pour se garantir des femmes intrigantes, seule la femme légitime pourra revendiquer la reconnaissance de ses enfants par son mari.
-          économie : production intensive + commerce
-          entraide et assistance : la loi du plus fort jusqu’à la révolution française qui propose une redistribution des richesses via l’Etat (SS, retraite, école obligatoire, etc…)
-          la loi est écrite (-4000)

Le système va devenir très vite assez riche et puissant pour envahir les territoires qui fonctionnent sur le 1er modèle. On y trouve encore aujourd’hui un droit coutumier sur le modèle 1 et un droit écrit sur le modèle 2.

Dans les deux structures familiales, la question de la prise de contrôle des comportements sexuels de F pour contrôler la descendance se pose – avec plus ou moins d’acuité selon les lieux et les périodes. Soit on les contrôle pour qu’elles n’aillent pas faire des enfants qui profiteraient à un autre groupe, soit pour empêcher qu’elle ne fasse reconnaître à un homme les enfants d’un autre… Soit pour les 2 ! Autrement dit, la liberté sexuelle des femmes est dangereuse car elle détruirait autant le système clanique (ou groupal/ communautaire), soit le système patrimonial.

Les stratégies pour contrôler les femmes
-          par la force
-          par la dépendance économique
-          par la dépendance civique et civile qui les obligent à se mettre sous la protection d’un homme pour survivre et élever leurs enfants.

Mais aussi par des moyens plus subtils comme
-          faire croire aux filles qu’elles ne sont pas capables de se contrôler ni se défendre seule
-          l’exigence de virginité au mariage puis de fidélité
-          l’enferment physique des femmes adultes (harem, gynécée)
-          le marquage : quand on ne peut par enfermer les femmes (alliance, point de tatouage, excision)
-          la stigmatisation des femmes « de mauvaise vie »
-          et la mise en rivalité des femmes entre elles puisque sans réel pouvoir social et économique, elles doivent obtenir la protection d’un homme pour survivre et élever leurs enfants.
-          Les contes de fées … du Prince Charmant à Barbe Bleue…
-          Etc…

Et des mécanismes de contrôle « indirects », comme :
-          faire croire aux garçons qu’une fille n’est pas capable d’auto-contrôle
-          faire croire aux garçons qu’être un homme, c’est n’avoir peur de rien
-          exiger des garçons le sacrifice de leur vie pour la patrie ou pour « la cause »les histoires de héro ... de Alexandre Le Grand à James Bond
-        
-          etc…

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