lundi 1 avril 2013

La France honteusement moraliste dans ce débat sur les assitants sexuels ??


Assistante sexuelle et décision du CNE

La France honteusement moraliste dans ce débat ?

Suite à l'avis du Conseil Consultatif National d'Ethique qui recommande de ne pas instaurer la profession "d'assistant sexuek", le débat est relancée et beaucoup pointent la France comme engluée dans le moralisme et l'hypocrisie.  La France se priverait d'une chance extraordinaire de résoudre la question sexulaité et handicap ?

Or, que se passe-t-il  dans les pays qui ont lancé cette initiative ?
  • en Suisse, en Italie, en Belgique, aux USA ….c’est reconnu : NON
    • ça n’est pas un métier, c’est une activité tolérée assimilée légalement à la prostitution
    • dans aucun pays, cette prestation n’est remboursée par les assurances sociales ou les mutuelles.
    • il s’agit d'initiatives concernant le plus souvent moins de 5 assistants sexuels en activité.
    • en terme de statut, ces personnes ne peuvent être salariées. Comme les personnes prostituées, elles ne sont que « tolérées » et ne peuvent exercer que sous statut libéral – comme en France.
    • pour l’expérience Suisse, Catherine AGATHE DISERENS qui organise une formation depuis plusieurs années, en explique volontiers les limites. Malgré un recrutement très sélectif (moins de 35 ans pour les femmes, être marié, avoir un travail) et formation d’un an, nombre de formés n’exercent jamais, d’autres arrêtent très vite. Côtés clients :
      • les hommes sont satisfaits mais demandent ensuite une femme plus jeune
      • les femmes ont tendance à tomber amoureuse de l’assistant sexuel. Pour le moment, il est décidé de se limiter aux caresses sans pénétration car une jeune femme a porté plainte pour viol contre l’assistant sexuel qui refusait d’entrer dans une véritable relation amoureuse.
    • concernant Marcel NUSS, très lourdement handicapé, qui milite pour les assistants sexuels en France, il a été marié 3 fois. Il est l’exemple même que le handicap – même lourd – n’est pas toujours l’obstacle principal à des rencontres et à l’engagement sexuel, émotionnel et juridique.
    • et le film The Session, il nous démontre que le très grand handicapé peut accéder à la plus belle des relations….Et que l’assistante sexuelle la mieux formée ne peut pas si facilement séparer corps et émotions….

Si ce sont des initiatives qui ont le mérite de mettre en lumière une souffrance particulière, il n’y a aucun lieu de penser qu’il existe ailleurs des modèles extraordinaires, sans tabou et fonctionnant bien, appuyés sur des professionnels qui sauraient à volonté scinder contact corporel intime, émotions et sentiments.

Ce problème est réel et mérite de tous les professionnels – et des associations de personnes handicapées un travail commun pour permettre à chaque personne handicapée de vivre sa sexualité – comme tout un chacun, c’est-à-dire en utilisant au mieux les ressources et les limites de son corps.

Il faut que tout au long de la chaîne, chaque professionnel soit aidant sexuel de sa place : médecin, infirmière, kiné, AMP, … pour être capable d’entendre, de répondre, d’informer, de soutenir, de conseiller, d’orienter, d'aider, de soigner si besoin.
Pour cela, il faut des formations qui « dédiabolise la sexualité» mais aussi qui « la désidéalise / la désillionnise », pour travailler avec des critères de « santé sexuelle », une éducation, une information et un accompagnement individualisé accrochée à la réalité du corps de chacun. Et que la sexualité soit source autonomie et non rendre dépendant d’une solution magique (et payante).

Alors, arrêtons de nous laisser traiter de « moralisateurs ringards » et mettons nous au travail ! D'ailleurs, les lois françaises de 2002 et 2005 nous y obligent.

Martine COSTES PEPLINKI- sexologue
L’espace METANOYA – metanoya@metanoya.org
Paris, le 12 mars 2013


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire